top of page

Cet article introduit les travaux presentés par Abderrahmane El Kadiri dans le premier numéro de la revue HUIS CLOS.

REGARDER

Dans la mesure où toute production de l’industrie culturelle au sens d’Adorno (à plus forte raison, celle d’Hollywood) prescrit au spectateur l’assentiment à ce qu’elle montre, une tâche nécessaire pour la vie de l’esprit serait de se saisir des outils hérités des moralistes français et américains, de la critique de la culture allemande, des rues de Rabat et de Paris, pour ne pas subir les œuvres dites populaires. La nouvelle morale que dessine l’agglomérat des séries comme Euphoria (écrites avec un œil sur le comportement du public visé pour s’adresser à lui d’un air spontané) mérite un examen attentif. Or la morale d’une fiction s’incarne dans ses personnages rassurants ou déroutants, idiosyncratiques ou typiques. Le désir d’identification avec eux constitue le ressort principal du succès de ces œuvres, séries, mangas, jeux vidéos et tout ce qu’on a trop vite fait de dédaigner comme étant des « sous-cultures ». L’auteur a le privilège d’être né avec une acuité particulière ; il sait compléter sa première perception des personnes par une succession d’intuitions qui détaillent leur personnalité. Le mérite qui se surajoute à ces talents consiste en l’attention portée à mille détails retenus par une mémoire colossale, une curiosité sincère pour les autres et surtout l’audace de prolonger des intuitions sans craindre de fouler les terrains plus marécageux de l’intimité, des passions — en somme, de tout ce qui fait qu’une personne s’incarne et habite véritablement son monde. Les grandes créations culturelles récentes sont des mondes peuplés non de personnes, mais de personnages, qu’on peut présenter comme des personnes synthétiques. 

PRÉVENIR

Et la production culturelle qui ne ressort pas de la fiction ne fonctionne pas différemment : prescription et adoption d’un comportement, ainsi change le monde. On peut bien l’accepter et même en tirer son parti : c’est une porte qu’Abderrahmane El Kadiri ne ferme pas, bien au contraire. Cette culture qui se forme ne peut pas être entièrement mauvaise, puisque c’est la nôtre. Il y a un plaisir et même une nécessité à greffer au divertissement une compréhension stimulante de ce qu’il nous fait, de ce qu’il nous fait faire. Et l’auteur souhaite le partager avec ce lectorat qui pressent bien que dans toute œuvre qui le secoue se joue bien plus que le seul motif culturel. Même s’il regarde une série d’abord pour se détendre le soir, le spectateur sait bien qu’il y pensera le jour venu. Comme on perçoit, on pense ; comme on pense, on agit. Se concentrer sur ce qui est donné à la perception est un préliminaire à la compréhension de soi et des autres.

Ses contributions dans HUIS CLOS #1

Abderrahmane El Kadiri, Euphoria, le crime de l’excès.
Extrait

Ses contributions dans HUIS CLOS #2

Abderrahmane El Kadiri, Sur “Normal People”.
Extrait

Ses contributions dans HUIS CLOS #3

Abderrahmane El Kadiri, Nassim Nicholas Taleb, au risque d’une pensée masculine.
Extrait

bottom of page