En deçà du film gris et du film rose, il y a d’autres films, ceux du cinéma de croisière, et parmi ceux-là se trouve Mission Impossible — Dead Reckoning Partie 1. L’intrigue générale est simple : une intelligence artificielle devenue autonome s’attache à dissoudre la vérité partout où elle passe. Elle s’attaque aux bureaux de renseignement, contraints, ironie de l’histoire, de retranscrire en urgence tous leurs fichiers à la machine à écrire afin de garantir la protection des données. Dans l’architecture du renseignement américain, Ethan Hunt (Tom Cruise) et les membres de son équipe se trouvent être le dernier rempart du patriotisme et de la loyauté face à des agences dont les objectifs sont bien ténébreux et confus et qui se perdent dans leurs propres complots.
Buriné par le botox, le visage de Tom Cruise commence à prendre un caractère tout à fait intéressant. Sa figure étrange, naïve, quasiment celle de Tintin, résonne avec la simplicité de l’âme d’Ethan Hunt, toujours irrémédiablement aspirée vers le bien. Pas de crime ici. Ethan Hunt n’assassine pas, même son pire ennemi. Ce n’est pas un film de la zone grise : le bien et le mal s’opposent dans une guerre dont les positions sont coloriées avec un crayon très gras, et c’est parfait comme cela. Dans le film, le mal n’a pas les apprêts qu’on lui attribue généralement au cinéma ou dans les livres, à savoir la créativité débordante, le dynamisme, l’originalité. Les scénaristes de Mission Impossible savent très bien que le mal est ingénieux et bête : c’est en fait le bien qui n’est jamais à court d’idées. En effet, grâce aux tours et aux détours du bien, Ethan Hunt aura le dernier mot sur la logique implacable des probabilités. Devant l’entité qui falsifie toutes les informations, les agents secrets se posent tous la question : qu’est-ce que la vérité ? Ethan Hunt apporte la réponse à tous les hiérarques désorientés du complexe militaro-industriel : la vérité est dans la recherche du bien.
En ce qui concerne les scènes d’action, elles sont toutes frappantes, souvent drôles et ne laissent aucune place à l’ennui. Le film n’est pas parasité par une surabondance de gadgets miraculeux ou d’effets spéciaux. La scène, classique, du train qui menace de sombrer dans le vide, est par exemple rajeunie avec un doigté stupéfiant. Enfin, le film offre des vues éblouissantes de Rome et des Alpes. Il est donc conseillé d’aller voir Mission Impossible —Dead Reckoning Partie 1 pour profiter d’un film d’une grande créativité visuelle et dont la clarté morale est revigorante.
Mission: Impossible. Dead Reckoning Part One
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