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Revoir Louis Malle 

7 juillet 2024

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Du 14 mars au 1er avril 2018, la cinémathèque française a consacré une rétrospective au réalisateur Louis Malle ; d’autres organismes nationaux ou locaux ont également suivi l’initiative : le Théâtre National de Bretagne en 2023, la Cinémathèque suisse en 2024. Ces professionnels ne s’y trompent pas, Louis Malle est l’un des hommes les plus importants du cinéma français. Malle cultive une différence qui ne l’a pas rendu aussi célèbre que les réalisateurs de la Nouvelle Vague, mais qui lui procure un style propre et lui permet de se mettre en valeur en mêlant à son cinéma un parcours personnel rythmé par la présence de sa première femme Jeanne Moreau, son attachement à raconter la Seconde Guerre mondiale, et son long voyage en Amérique, où il est mort en 1995.  

 

Son sens de la caméra, de la poésie et de l’art ont fait de Louis Malle un artiste à part entière, qui a cultivé le désir de transmettre des films puissants et habités par l’idée qu’il se faisait de la société française. À ses débuts, il apprend encore le métier alors qu’il n’a que la vingtaine : il co-réalise avec Jacques-Yves Cousteau le documentaire Le Monde du Silence (1955) et assiste Robert Bresson dans la réalisation du film Un condamné à mort s’est échappé (1956). Puis Louis Malle a été un grand, un très réalisateur primé et célébré (Mostra de Venise, Festival de Cannes, César, BAFA…). Aujourd’hui, en 2024, il tombe lentement et malheureusement dans l’oubli, notamment parce que l’on met très souvent en lumière les réalisateurs stars de la nouvelle vague (Godard, Truffaut, Chabrol, Varda évidemment mais aussi Rivette, Eustache, Rozier et Demy). Pour ma part, je vous encourage vivement à revoir les films de Louis Malle, dans une cinémathèque ou ailleurs. De découvrir ses films les plus célèbres, mais aussi de creuser le personnage. Il y a chez lui une façon de mêler cinéma et proximité avec le public qui est émouvante, elle semble authentique. Dans son film Au revoir les enfants (1987), il raconte l’histoire vraie du Père Jacques, mort sous l’occupation allemande pour avoir caché des enfants juifs dans son école. D’autres films plus connus du même réalisateur, sont à voir absolument. Le feu follet (1963) qui s’inspire directement du roman de Pierre Drieu la Rochelle et Ascenseur pour l’échafaud (1958), tiré du roman éponyme de Noël Calef, et permet au grand public de découvrir Jeanne Moreau, puis Brigitte Bardot dans Viva Maria ! (1965). 

 

Revoir Louis Malle, c’est se plonger dans un cinéma français truffé de références populaires et qui faisaient sens ; par exemple le film Zazie dans le métro (1960) nous paraît aujourd’hui plus ancré dans la culture française que l’ouvrage de Raymond Queneau de 1959, à lire absolument, simplement pour la merveilleuse façon dont Raymond Queneau écrit l’argot parisien de l’époque (Hartmann, 2013)[1]. Louis Malle ne se prenait pas trop au sérieux, et proposait des films selon l’époque, ses convictions et les opportunités culturelles qui s’offraient à lui. On retrouve un large choix dans ses œuvres : la Guerre, l’Occupation, la critique de la bourgeoisie parisienne, la dépression et le suicide, etc. Il y a chez ce garçon du talent. 

 

[1] Hartmann, M. (2013). Zazie dans le métro: Impertinences et désenchantements. Roman 20-50, 56, 157-167. https://doi.org/10.3917/r2050.056.0157

 

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